L’ostéopathie et ses indications dans la sphère maxillo‑faciale

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L’ostéopathie, médecine manuelle globale

L’ostéopathie est une médecine visant au diagnostic manuel des perturbations de la motilité et mobilité tissulaire du corps humain pouvant être responsable d’une altération de l’état de santé. C’est une discipline constituée de courants très différents, et il n’est pas toujours facile de savoir qui se cache derrière le nom « ostéopathe ». L’ostéopathie dont nous parlerons est une ostéopathie dite « d’écoute », qui est en fait sa forme traditionnelle, depuis les fondateurs jusqu'à nos jours. 

Il n’existe pas, à proprement parler, de spécialité en ostéopathie, « d’ostéopathie maxillo‑faciale », par exemple… Il est possible de traiter des situations très différentes, mais en fait Il n’y a qu’une ostéopathie: elle s’intéresse à traiter la totalité du patient, corps et esprit: c’est une médecine globale, « holistique ». C’est peut‑être le fait qu’il n’y ait pas de spécialité en ostéopathie qui la rend difficilement abordable par la médecine classique…

Quel est l’apport de l’ostéopathie dans la prise en charge des troubles maxillofaciaux?

L’ostéopathe ayant une orientation dans la sphère crânienne et maxillo‑faciale, en complémentarité des acteurs de soin classiques (chirurgiens‑dentistes, stomatologues, orthodontistes, kinésithérapeutes…) permet d’améliorer la prise en charge de ces pathologies, par exemple, lors d’un traumatisme ou dysfonctionnement des ATM (SADAM, syndrome de Costen…), d’un trouble de l’occlusion dentaire, d’un bruxisme, d’une névralgie du Trijumeau, d’une paralysie faciale, mais aussi de troubles de la posture en lien avec des troubles oculaires et manducatoires. De plus, après un traitement orthodontique, une chirurgie orthognathique (avancée et/ou recul maxillaires…) il est important de réajuster les contraintes subies par la mâchoire, le crâne, en étendant cela à l’ensemble du corps par la posture. Le traitement va aussi améliorer le drainage de l’oedème post‑chirurgical et la récupération fonctionnelle, en complémentarité de la kinésithérapie maxillo‑faciale. Des exemples plus précis concernant la prise en charge de certains problèmes seront abordés dans l’article suivant.

L’ostéopathe, au cours de son traitement, ne va pas uniquement traiter les articulations temporomandibulaires: il est en effet souvent nécessaire de travailler sur le palais, la langue, les orbites, la base du crâne, les cervicales, et par extension l’ensemble du corps pour lui permettre de bénéficier des interrelations structurelles les plus harmonieuses possibles, chacune avec leur environnement, et avec ellemême. La santé réside dans une communication et un échange entre toutes les parties de l’ensemble. En ostéopathie, il n’existe pas de recette toute faite, chaque individu est différent dans son organisation et son schéma de compensation. Tout l’art de cette approche est de partir avec un regard neuf face chaque situation.

Dans la sphère maxillo‑faciale, l’atout le plus important de l’ostéopathe est la considération de l’ensemble du patient: il est alors possible de vérifier que toutes les parties du corps s’ajustent convenablement aux modifications de l’occlusion, et plus largement. Par exemple, consulter un ostéopathe pendant un traitement orthodontique permet de vérifier que les forces mécaniques de l’appareillage sont bien tolérées dans  l’organisme, et d’ajuster finement les tissus en contrainte pour éviter/soulager ses effets indésirables (maux de tête, douleur cervicale, dorsale, lombaire, bruxisme, fatigue ou trouble du sommeil…). L’ostéopathe peut percevoir si un appareil est trop serré, une prothèse inadaptée, par les informations présentes dans le corps du patient. Pareil pour les suites de chirurgie orthognathique, opérations chirurgicales lourdes qui modifient fortement l’occlusion et la proprioception du sujet. Travaillant en réseau avec d’autres professionnels, il est alors possible de conduire une correction de l’occlusion qui soit plus respectueuse de l’équilibre corporel général.

La bouche est un endroit d’intimité où se mêlent affects, sensations primaires, souvent inconscientes, et auxquels nous ne prêtons pas suffisamment attention. Sans faire de généralités, il est important de savoir que les problèmes maxillo‑faciaux peuvent avoir une composante « psychosomatique »: le corps exprime physiquement quelque chose qu’il n’a pas intégré, tel un choc psychologique, une agression, stress, deuil… ceci est fréquent!

En pratique, quand nous posons nos mains, nous devons être sensible à ce qui se joue pour la personne à ce moment‑là. Nous allons traiter des blocages, des tensions, tout en ayant conscience des émotions et des souffrances psychiques sous‑jacentes. Souvent, après un traitement, les patients témoignent être apaisé, sur le plan physique mais aussi à d’autres niveaux. Ils disent aussi s’être senti écouté, compris… Ceci montre l’importance de considérer ce que nous avons dit précédemment, en vue d’obtenir un soulagement profond et durable.