Kinésithérapie et ostéopathie maxillo‑faciale Deux approches complémentaires
La prise en charge en ostéopathie crânio‑maxillo‑faciale
La globalité, toujours la globalité
Comme évoqué dans de précédents articles (liens), la prise en charge en ostéopathie est essentiellement globale. L’ostéopathe regarde et perçoit le patient comme une unité, sur tous les plans, et peut ensuite avoir une évaluation spécifique des différents déséquilibres corporels. Dans l’approche crânio‑maxillo‑faciale, la vision globale reste la même mais une attention particulière est portée à cette sphère, dans ses propres rapports et systèmes de contraintes et dans son influence sur l’ensemble: il existe bien des mécanismes spécifiques propres à la région crânienne et maxillo‑faciale que nous nous devons d’étudier en détail du point de vue ostéopathique.
Évaluer et libérer les contraintes mécaniques appliquées au crâne et au massif facial
Lorsque vous allez voir un ostéopathe, celui‑ci se doit d’effectuer une évaluation précise des différents éléments corporels. Dans le cadre d’une prise en charge maxillo‑faciale, l’examen est, comme nous l’avons vu, toujours global au début mais ensuite il doit avoir une lecture très précise des contraintes et tensions pouvant être à l’origine des dysfonctionnements vous amenant à consulter. Par exemple, dans des cas de migraines, de névralgie, pour un blocage articulaire, des acouphènes, etc. L’ostéopathe formé à cette approche a une connaissance approfondie de l’anatomie des os du crâne, des membranes méningées intracrâniennes, des différents nerfs et vaisseaux entrant ou sortant par les différents espaces anatomiques. Cette connaissance est mise au service d’un sens du toucher particulièrement entraîné qui lui permet de comprendre, du moins en partie, la situation dans laquelle vous vous trouvez et de pouvoir trouver des solutions efficaces. Le but de son travail sera de libérer ces tensions, contraintes, blocages que le corps a accumulé pour lui permettre de retrouver sa fluidité, son équilibre, sa mobilité. Sa vision globale lui permet de vérifier que le corps tout entier a réussi à s’adapter à ces changements. Comme nous l’avions vu dans de précédents articles, le corps s’adapte et s’habitue avec ces tensions et ces blocages. Les enlever d’un seul coup de manière trop brusque revient à enlever une béquille à quelqu’un qui s’en servait: il risque d’être déséquilibré, voir de tomber. C’est tout l’art d’un bon ostéopathe, d’arriver à retirer habillement certaines contraintes corporelles tout en permettant à la personne de rester dans son équilibre.
Source: https://fr.vecteezy.com
Déroulé d’une séance‑type
Lorsqu’un patient vient consulter au cabinet, la séance commence toujours par un temps d’échange, un interrogatoire sur vos motifs de consultation, vos antécédents de vie, antécédents médicaux et toute autre information lui paraissant importante à mentionner. C’est un premier temps d’écoute, par la parole. S’en suit un temps d’observation rapide du corps (debout ou directement allongé selon les cas), où l’ostéopathe relève toute information sur la posture, des marques sur la peau comme des cicatrices qui lui donne des renseignements sur l’histoire du corps. Enfin, le temps essentiel est cette deuxième écoute, cette fois‑ci par la main. L’écoute palpatoire est ce qui fait la spécificité de l’approche ostéopathique. Par ce toucher qui, d’abord, recueillie des informations, le praticien a une lecture au plus juste des contraintes et pressions accumulées par le corps. Par exemple, les différents traumatismes, accidents, opérations vécus par le patient et leur répercussion sur la qualité des tissus. La contrainte liée au stress, aux mauvaises postures, à l’hygiène de vie (alimentation, sommeil, sport, etc).
Ce temps d’écoute palpatoire, qui conditionne en général la première moitié de la séance, est appelé dans la terminologie biodynamique la mise au Neutre. En effet, dans ce temps, l’ostéopathe permet au patient d’atteindre un premier niveau d’équilibre: le système nerveux autonome se normalise, les tensions superficielles tendent à se dissiper, les liquides du corps circulent de manière plus harmonieuse, les rythmes physiologiques commencent à se ralentir. Cette étape est essentielle. Le patient commence en fait à se détendre et cela facilitera toute la suite de la séance.
Une fois ce premier niveau d’équilibre atteint, plusieurs options s’offrent au praticien. Il peut choisir de rester sur un mode d’écoute avec un toucher léger, ce qui permet souvent d’aborder des problématiques émotionnelles ou liées aux tensions nerveuses, ou alors de donner un appui plus important dans les tissus pour aborder des contraintes liées aux pressions mécaniques, à l’inertie du traumatisme dans la structure du corps. Le choix du type de toucher dépend du ressenti de l’ostéopathe et de la réponse que les tissus lui donnent, en sachant qu’il y a une grande nuance de toucher possible qu’il n’est pas évident de décrire avec des mots puisqu’il s’agit de sensations fines. Dans tous les cas, le but est le même, c’est à dire permettre au corps de se libérer de ces contraintes et retrouver sa liberté physiologique.
Quelle prise en charge ostéopathique dans le temps ?
La réponse à cette question dépend du côté aigu ou chronique du problème. Pour un problème aigu ou sub‑aigu, la plupart des patients viennent faire une à trois séances d’ostéopathie, en général espacées de 2 à 5 semaines. La prise en charge se fait toujours au cas par cas et il faut donc s’adapter à chaque personne. Certains auront besoin de deux séances espacées d’une semaine, pour d’autre la deuxième séance sera 5 à 6 semaines plus tard. Il n’est généralement pas bon d’espacer davantage car ensuite nous perdons les bénéfices de la première séance. Cela va dépendre également de l’intensité de douleur de la personne, de sa capacité à la gérer, du contexte de vie, socio‑professionnel.
Pour les cas chroniques, c’est à dire pour des douleurs installées depuis longtemps, la prise en charge doit être adaptée. En effet, les mécanismes de compensations mis en place font que le corps a besoin de plus de temps et de plus de travail pour avoir une amélioration durable dans le temps. Par exemple pour un patient souffrant d’arthrose, ayant des séquelles d’AVC ou de cancer, un traumatisme majeur, un bruxisme important dans un contexte peu propice au relâchement, etc.
Ceci peut par exemple prendre la forme d’une séance toutes les 3 ou 4 semaines sur une durée d’un an. Le suivi peut être plus rapproché au début pour lancer le travail et ensuite être plus espacé dans le temps, tous les 2‑3 mois, lorsque le soulagement se fait sentir. Certaines personnes peuvent même avoir besoin d’un entretien avec une séance d’ostéopathie tous les deux‑trois mois sur plusieurs années, en complément d’autres mesures visant à favoriser la santé, l’hygiène de vie. Par expérience, ce type de suivi permet d’améliorer ses situations qui peuvent être récalcitrantes et pas toujours bien prises en charge par la médecine. Encore une fois, le but dernier du travail de l’ostéopathe n’est pas d’enlever la douleur à un moment donné mais bien de maintenir le corps dans un équilibre suffisant pour que les problèmes ne réapparaissent pas par la suite.
Il est aussi possible que l’ostéopathe sente au bout de la deuxième ou la troisième séance que l’approche en ostéopathie ne sera pas suffisant pour le patient , parce que la situation nécessite une approche complémentaire différente , une autre prise en charge. Le kinésithérapeute pratiquant la rééducation oro‑maxillo‑faciale prend alors le relai, soit en interrompant les séances d’ostéopathie pendant la rééducation, soit en les espaçant davantage (une séance d’ostéopathie toutes les 6 à 8 semaines par exemple, avec une prise en charge hebdomadaire en kinésithérapie).
La prise en charge en rééducation Oro‑maxillo‑faciale
Le patient venant consulter le kinésithérapeute pour une rééducation oro‑maxillo‑faciale présente en général douleurs maxillo‑faciale, une limitation d’ouverture de bouche, des bruits articulaire, un acouphène, des céphalées, une sensation d’oreille bouchée…
La première consultation se déroule également par un interrogatoire sur la survenue de ces troubles, l’élément déclencheur, les facteurs favorisant les douleurs, l’impact sur le quotidien, les antécédents médicaux, personnels, les attentes du patient, le contexte de vie.
Pendant la consultation
L’interrogatoire et l’examen clinique permettront au praticien d’avoir une vision globale et de s’adapter à l’histoire du patient ainsi que le diriger au mieux vers d’autres intervenants lorsqu’il y a besoin d’une prise en charge pluri‑disciplinaire.
Le praticien donne toujours au patient des explications anatomiques sur le problème rencontré, ce qui permet de mieux comprendre et d’agir au quotidien.
La rééducation maxillo‑faciale consiste à modifier des comportements et mécanismes involontaires, souvent inconscients qui provoquent et/ou entretiennent les symptômes. Pour cela, les outils proposés seront des exercices (détente et étirements), des massages effectués pendant la séance, des auto‑massages que le patient apprendra et pourra réaliser chez lui. Un travail précis d’observation des comportements musculaires et articulaires pourra permettre de déconditionner de mauvaises habitudes (parafonctions comme le bruxisme et l’onychophagie, ou un mauvais placement de la langue, etc). Il est souvent nécessaire d’élargir la rééducation maxillo‑faciale avec un travail sur la posture cervicale et du rachis dans son ensemble, un assouplissement de l’ensemble du rachis, de la relaxation, des exercices de respiration, un changement des habitudes nocives.
Source: centre‑kiné‑santé.com
A la maison
Le praticien donnera des exercices à réaliser régulièrement, ce qui nécessitera un travail quotidien de 10 minutes par jour maximum. L’engagement du patient pour s’impliquer dans sa rééducation est essentielle et garantit les bons résultats à moyen et à long terme. Ces exercices permettront de modifier progressivement vos comportements musculaires, comportements de vie au quotidien et ainsi de pouvoir agir sur vos symptômes.
Fréquence des rendez‑vous
Pour cela la rééducation a besoin d’être suivie régulièrement au début, une fois par semaine. Une fois que les exercices seront acquis et que les symptômes commenceront à s’améliorer, il sera possible d’espacer à un rendez‑vous toutes les 2 à 4 semaines.
Il faut compter généralement entre 8 à 15 séances au total pour une prise en charge complète. Ensuite, quelques rendez‑vous d’entretien pourront être programmés au fil des mois/ années, selon le besoin du patient.
Les comportements nocifs et les mauvaises habitudes corporelles sont souvent installées depuis des années voir des décennies, il faut donc logiquement un certain temps pour les déconditionner et amener un nouveau comportement plus sain: c’est une véritable ré‑éducation, ce qui fait d’ailleurs tout l’intérêt de cette approche.
Pendant sa prise en charge, le kinésithérapeute peut observer le besoin d’un suivi en ostéopathie en parallèle ou en amont si les tensions et blocages empêchent le bon déroulé des exercices de rééducation. Parfois, une séance d’ostéopathie suffit pour amorcer la libération et permettre au kinésithérapeute de travailler.
Comme nous l’avons vu, le principe est que la rééducation maxillo‑faciale nécessite une régularité pour être efficace. Les séances sont hebdomadaires en général et nécessite un temps de travail quotidien par le patient pour une bonne intégration. L’ostéopathie, à contrario, nécessite souvent plus de temps entre les séances car le corps a besoin de davantage d’espace pour intégrer les changements. Fréquemment, lors de nos prises en charge pluri‑disciplinaires, nous faisons par exemple 3 semaines avec une séance de rééducation hebdomadaire, puis une pause d’une semaine pendant laquelle le patient pourra faire une séance d’ostéopathie. C’est un peu schématique mais dans la pratique ce type de programme fonctionne très bien. Le patient se sent bien pris en charge, de manière régulière sans être excessive. Comme le suivi se fait au cas par cas, il est possible d’ajuster l’ensemble en fonction des contraintes temporelles, financières et aussi selon la réaction du corps au fur et à mesure. Les deux points les plus importants sont:
- que le patient s’implique suffisamment au quotidien à la mise en pratique des exercices et règles d’hygiène de vie.
- que le suivi se fasse sur un temps suffisamment long (quelques semaines à quelques mois) de manière à pérenniser les effets du travail.
Pour conclure, nous pouvons dire que la prise en charge complémentaire en kinésithérapie maxillo‑faciale et en ostéopathie permet au patient d’être à la fois actif dans son rétablissement, par les exercices de rééducation, tout en bénéficiant d’une prise en charge passive, basée sur la libération des tensions et contraintes du corps et sur la détente du système nerveux.
Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter.
Sophie Dubalen Florian Mandrillon
Kinésithérapeute Ostéopathe
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